En complément de la peinture sur le motif, à chaque saison. à pied ou à vélo, j'explore les environs pour dénicher le plus souvent un sujet remarquable par son apparente banalité, de manière à le magnifier par le style. Je repère l'éclairage parfois en différé (grâce à une boussole bidouillée, qui valorise au mieux le motif choisi pour exprimer un état d'âme. Je croque l'essentiel dans un carnet, ce qu'il faudra développer dans le silence de l'atelier. A l'aide de mon appareil digital dont je me sers aussi comme bloc-notes, je prends quelques photos sous différents angles.
A l'atelier, j'examine attentivement les images sur l'ordinateur pour découvrir les formes absolues simples et complexes, formes à caractère, impossibles à voir sur place. Je les fais tourner dans mon esprit comme une friandise rare. Après un tri sévère, je garde les plus significatives. Vient ensuite la composition par association de formes, avec le souci de ne pas tuer l'image.
Quand toutes les formes s'accordent entre elles, l'idée plastique s'incarne. Ainsi interprété, le paysage dessiné traduit déjà mon état d'âme. A ce stade enthousiasmant, la composition doit répondre aux exigences d'une trilogie immuable : Unité, Variété, Clarté.
Pour un nu, un portrait ou un autre thème. je transpose également l'étude sur la toile dans le respect des proportions. même si en cours d'exécution le tableau appelle des formes, des couleurs surprenantes de vie ; laisser la porte ouverte à l'improvisation s'impose. Si elles s'intègrent à la structure de la composition en servant l'idée plastique, je leur déroule mon plus beau tapis rouge.
Place ! voici la grande aventure de l'intelligence et du coeur pour atteindre le saint Graal de l'esthétique : l'émotion plastique, j'ai bien dit, plastique.
Francis Gengoux.